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L’Union générale des travailleurs de Côte d’Ivoire (Ugtci) et les syndicats de base affiliés au nombre de 248 ont décidé, hier, au cours d’une assemblée générale extraordinaire à la Bourse du travail de Treichville d’entrer en grève pour 48h, à partir de demain. Une grève générale d’avertissement pour attirer l’attention des décideurs sur le mécontentement des travailleurs face à la récente flambée du prix du carburant dans des proportions jamais égalées; faisant passer de 615f à 795f le prix du super, et de 540f à 785f celui du gasoil. Ce qui va, à coup sûr, avoir une répercussion sur le coût de la vie, alors que les Ivoiriens n’ont pas |
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encore digéré la hausse des prix des denrées alimentaires survenue au mois d’avril dernier.
Un préavis de grève de quarante huit heures a été décrété à l’issue de la réunion. Dans ce cadre, la journée d’aujourd’hui est considérée comme une journée d’information des 780 sections de cette centrale. Afin que ces deux jours de grève soient strictement respectés.
Cette décision radicale a été prise après que les responsables de l’union ont donné la parole à 22 intervenants qui, de manière unanime, ont opté pour l’entrée en grève immédiate et même sans préavis. Parce que “trop c’est trop, l’heure est grave, si nous ne faisons rien nous sommes morts”, ont-ils dit en insistant sur le fait que dans ce pays on ne peut tout obtenir que par la force. Certains ont invité l’Ugtci qui avait jusque-là opté pour le syndicalisme de participation responsable à faire son mea-culpa.
Akanza Joseph, secrétaire général du syndicat de la Cnps, a annoncé que les travailleurs de son institution arrêtent le travail dès aujourd’hui.
Les différents orateurs ont aussi déclaré que l’heure n’est plus au discours, il faut désormais passer à l’acte. Des propos acerbes ont été dits à l’encontre du pouvoir, dénonçant son incompétence et le train de vie jugé “insolent” des gouvernants. Guédé Paulin de la Sodeci a mis en garde les dirigeants de la centrale syndicale : “Votre image de responsable syndical est en jeu. Si vous nous trahissez, nous ne répondrons plus à vos convocations”.
Ebagnérin Joseph, premier secrétaire général adjoint de l’Ugtci, a dit avoir invité les syndicats à prendre la parole afin que leurs points de vue soient pris en compte. Mais surtout pour qu’on sache que dans ce pays, il y a des travailleurs qui oeuvrent pour son développement, mais qui vivent dans une paupérisation exacerbée. “Nous sommes fatigués, nous avons tout fait, nous voulons accompagner cette sortie de crise mais pas de n’importe quelle manière”, a ajouté Adé Mensah François, secrétaire général de la centrale syndicale. L’Ugtci a par ailleurs parlé du chômage, qui frappe près de 44% de la population active, ainsi que de l’aggravation de la paupérisation. Plus de 48% de la population vit sous le seuil critique de pauvreté avec moins d’un dollar us par jour. Les salaires n’ont par ailleurs pas connu d’augmentation depuis au moins vingt ans.
Les syndicats de base ont été invités à rester constamment à l’écoute du mot d’ordre, tout en demeurant vigilants et solidaires. Car, si après ces 48 h, la centrale n’obtient pas satisfaction, la grève générale pourrait se poursuivre jusqu’à lundi.
Marie-Adèle Djidjé
Les revendications de la Centrale
• Application des conclusions du pré-forum social de Grand-Bassam, entre autres la revalorisation des prestations familiales, l’indemnité de transport pour les fonctionnaires.
• Une meilleure maîtrise de tous les facteurs aussi bien internes qu’externes de la situation sociale dans son ensemble pour arrêter définitivement la flambée des prix.
•Le déblocage des salaires et avancements des fonctionnaires avec rappels, le réajustement conséquent des salaires du secteur privé et la suppression des impôts sur les pensions de retraite, la revalorisation générale de l’indemnité de transport. |